“Non, vraiment. Elle aimait bien le yoga, Petra. Jusqu’au jour où l’impensable se produisit. 1h20 que Petra se contorsionnait tant bien que mal dans toutes sortes de postures improbables. Rien d’exceptionnel à signaler jusque là, si ce n’est qu’elle avait sérieusement envie de baffer la petite fayotte du premier rang. Et puis, arriva la position de la chandelle. Voyant que Petra faisait n’importe quoi, la prof accourut et s’empara de ses chevilles de façon à tirer ses jambes vers le haut et ramener son corps à la verticale. Seulement voilà. Sentant sa nuque sur le point de se briser, Petra paniqua. Elle essaya alors de signaler, par de petits battements de pieds, qu’il fallait arrêter la torture IMMÉDIATEMENT. En vain. Désemparée, Petra fut sur le point d’accepter que sa dernière heure avait sonné. Quand soudain. Contre toute attente. Son vagin vociféra. La prof lâcha instantanément les jambes de Petra. ”
Tous les cris les SOS, Extrait du blog ladefraichie.com
S’il est un sujet rarement évoqué, parfois gênant et souvent mal compris, c’est bien celui-ci. Apanage du yoga au féminin, les “flatulences vaginales” que l’on entend au sortir d’une inversion sont relativement fréquentes, voire banales. Inconforts sans gravité, mais qui peuvent, telle la Petra de l’histoire ci-dessus, conduire à déserter à vie les cours de yoga.
Car les postures inversées sont nombreuses en yoga. Par posture inversée, on entend toute posture dans laquelle le thorax se situe sous le bassin : Chandelle, Posture sur la tête, mais aussi Chien tête en bas ou Demi-Pont. Pour certaines, chacune de ces postures présente le risque d’en sortir avec un bruit pouvant être culturellement gênant, même s’il est naturellement non odorant et n’a rien à voir avec son homologue que nous connaissons tous.
“Les personnes peuvent être gênées en raison d’un phénomène psychologique d’association. L’élément sonore peut susciter une réaction de dégoût car il peut être évocateur d’un pet et de l’excrétion” explique Philippe de Keempers, sexologue à l’université de Liège.
Comprendre le phénomène
Dès que le thorax se situe sous le bassin, la gravité entraine la masse abdominale en direction de la tête. Le périnée, détendu, suit le mouvement et se retrouve aspiré passivement. Contrairement à l’anus, le vagin n’est pas un sphincter : lorsque le vagin est détendu, en posture inversée, il constitue un passage possible pour l’air qui va y entrer. Et quand de l’air pénètre dans un endroit clos, il faut bien qu’il en ressorte… En l’occurrence, lorsqu’on quitte la posture inversée, générant au passage un bruit incontrôlable.
On pourrait alors avoir le réflexe de contracter le périnée en quittant la posture pour éviter que l’air ne sorte bruyamment : mauvais réflexe, qui risque d’amplifier la sonorité. Pour éviter les bruits, ce n’est pas au moment où l’on quitte la posture qu’il faudrait serrer le périnée, mais avant même de créer l’aspiration, c’est-à-dire avant de prendre la posture.
“Renforcez votre périnée”. Oui, mais…
Lorsqu’on effectue une recherche rapide sur le sujet, on tombe de manière quasi-systématique sur cette injonction en guise conclusion : « Renforcez votre périnée », exercices à l’appui. Il est en effet probable que ces bruits soient liés à un manque de tonus du périnée, qu’il soit naturel, consécutif à un accouchement ou à la pratique intensive de la course à pied. Les exercices de renforcement périnéal sont alors une solution.
Mais ce n’est pas la seule explication, et Bernadette de Gasquet, médecin et professeur de yoga, spécialiste du périnée, a un avis plus nuancé sur le sujet: des différences morphologiques font que nous ne sommes pas toutes égales face à la possibilité d’émettre des bruits d’air.
Des différences morphologiques
En effet, des petites lèvres très développées et couvrantes limiteront le risque d’entrée d’air, même si le périnée est faible, tandis que des petites lèvres peu couvrantes laisseront facilement entrer l’air. La forme du sacrum peut aussi amplifier le phénomène : un sacrum très concave ajoute un effet « caisse de résonance ». Le bruit se produira alors dans certaines situations, quelle que soit la qualité du périnée.
“Dire à ces femmes que leur périnée n’est pas assez musclé est aberrant”, ajoute Bernadette de Gasquet dans le Yoga Journal de l’été dernier.
Des périodes plus propices
Ensuite, notons que la musculature du périnée est hormono-dépendante. Certaines femmes ressentent une faiblesse périnéale passagère, lors de la période d’ovulation ou pendant les règles, et c’est tout à fait naturel. Autrement dit, rien ne sert de s’alarmer et de crier à l’hypotonie au moindre flatus vaginalis.
« C’est un phénomène purement naturel. Il ne faut surtout pas dramatiser ni s’imaginer que c’est le premier signe d’un relâchement morbide de la musculature vaginale », insiste Philippe Kempeneers.
Et Bernadette de Gasquet de conclure : « Il n’y a pas de solution périnéale pure ». Mais toute solution commence par comprendre, pour dédramatiser. NON, un bruit d’air vaginal n’est pas forcément dû à un manque de tonus du périnée. Et, si tel est le cas, OUI, il existe des exercices très efficaces pour renforcer le plancher pelvien.
Question cruciale, est ce que le prénom Pétra est choisi volontairement ! Si oui cela rend l’article encore plus drôle. ( Pétra et petera)
Je vous laisse tirer vos propres conclusions :)
Je vous laisse tirer vos propres conclusions :)
Bonsoir Clémentine, moi qui suis un très ancien pratiquant et professeur de Yoga,que je pratique depuis 1984 , je trouve que vous manquez un peu d’humour. Sinon dans votre livre : Yoga, 2500 d’histoire, j’y vois la trame du programme minimum européen ( le cycle des 4ans) avec une critique et un regard différent sur certaines parties que vous ( tu) met en doute. Bravo et bonne chance a ce livre qui intéressera des jeunes professeurs et des pratiquants déjà avancés sur la voie.
Bonjour Laurent,
Ç’aurait été une drôle de coïncidence si l’humour ne s’était immiscé dans le choix du prénom :)
Un grand merci pour ton avis sur cette histoire du yoga, les retours me sont précieux. Bonne pratique et bonne journée à toi !
Merci à toi, et très intéressant d’avoir compris à ton âge que le yoga, c’est dans sa dimension profonde faire diminuer le moi car sans cela le Soi déjà existant de peut pas croître. Dis différemment : pour que le Soi croisse, il faut que le moi diminue. Aujourd’hui, sans cette connaissance, nous risquons fort de voir uniquement un Yoga postural et pour énormément de personnes et de pratiquants, le yoga n’est que cela. Pourtant plus que jamais nous avons besoin de paix intérieure, même si elle ne dure que quelques instants dans une journée. La simplicité d’être s’obtient avec le temps… Bonne journée
C’est drole “Petra” en Breton veux dire “Quoi”
Cet article est super intéressant et déculpabilisant !
Il y a t-il un risque de réaliser des postures inversées lorsque nous sommes indisposées?
J’ai réalisé la chandelle il y a quelques mois de cela, tout en utilisant une cup menstruelle … et cela fut une catastrophe. Heureusement que je connaissais bien mon groupe, autrement, on peut clairement déserté son cours par après.
Je suppose que c’est l’air qui est entré qui a du faire bouger la cup … je me demandais si cela était déjà arrivé à d’autres personnes … (ma prof de yoga n’ayant jamais utilisé de cup :-) ) …et à quoi surtout cela était du. Car si une fois par mois pendant quelques jours, on ne peut pas faire de posture inversée, c’est embêtant…
Merci !
Bonjour Cyrielle !
Yes, j’imagine que ça a du arriver à d’autres personnes…
Concernant les règles et les inversions, les traditions indiennes de yoga déconseillent les inversions pendant cette période (certaines déconseillent la pratique tout court durant cette période culturellement considérée comme impure), pour des raisons énergétiques (liées au souffle apana) ou physiologiques. D’autres craignent que l’inversion durant les règles cause une “menstruation rétrograde” (puisqu’il ne peut s’écouler vers le bas, le sang remonte par les trompes de Fallope), elle-même cause d’endométriose. Mais aucune étude scientifique n’a établi de corrélation entre menstruation rétrograde comme cause d’endométriose d’une part, et entre inversion comme cause de menstruation rétrograde d’autre part : l’inversion n’inverse pas la direction du flux sanguin, car celui-ci est évacué par des contractions utérines et non par la gravité. Certains yogis ont fait appel à des spécialistes ces dernières années pour démystifier cette traditionnelle interdiction d’inversion pendant les règles ; tu peux chercher, surtout du côté anglophone. Mais ça, c’est la science : ce n’est qu’un aspect de la question. Si pour une quelconque raison les inversions ne nous tentent pas en cette période du mois, il vaut mieux les éviter, et vice versa. Peut-être avec une culotte de règles ^^ ?
Excellent cet article !!! Merci !
Merci Camille ;)
Super article et très chouette blog. Plein d’inspiration pour mes cours et ma pratique. J’ai cassé ma tirelire pour faire la formation “Yoga sans dégat” à l’institut De Gasquet et je ne le regrette pas. Bernadette a une telle “radiance”, c’est un bonheur d’être en sa présence. et tellement de non dis concernant nos parties ” honteuses”.
Oh merci Sarah! ça me tenterait bien aussi de casser ma tirelire pour cette formation…ton retour est précieux!
Très bel article Clémentine, vous abordez le sujet avec beaucoup d’humour meme si son importance et impacte sur la personne est assez délicat. Tous les bruits indésirables émis par une partie de notre corps sont génant mais celui la bat tous les records, surtout quand il survient en pleine séance de yoga. Merci pour votre article, j’ai beaucoup apprécié de le lire. A très bientôt.
Merci Clémentine pour cet article qui aborde le sujet avec beaucoup d’humour. Ce sont des sujets que nous avons du mal à aborder en classe et certaines personnes sont très gênées lorsque ça arrive. Alors que finalement, ce n’est que de l’air ! Enfin, il y a encore beaucoup de choses dont nous devons nous libérer.
Oui, ce n’est pas tant le bruit en lui-même qui peut contrarier la sérénité de la séance, mais bien la gêne qui en résulte… d’où l’importance de comprendre le phénomène pour le rendre moins embarrassant!
Bel article. J’apprécie beaucoup votre façon de relater les faits.
Figurez-vous que ça ne m’étonne pas car tous les chakras situés entre le périnée et la gorge appartiennent à la dualité, la non-dualité concerne uniquement la tête : front et sommet. C’est dire que si le plafond de la pensée, inséparable de sa condition duelle, est dans la gorge, son plancher est dans le périnée. Il en est donc de même pour les émotions, les sensations, les goûts, les odeurs, les sons, et… Or les chakras ne sont pas isolés, ils sont interchangeables, et tout ce qui se passe dans l’un se manifeste dans les autres. Un périnée est autant un lieu de parole qu’une gorge est un lieu de stabilité et de sécurité. Si, en position basse, votre gorge ne peut pas parler, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un vagin en position haute ne le fasse, à sa façon bien entendu. De toutes manières, il s’agit toujours d’une émission d’air et d’une fonction symbolique. Vaste question car la fonction symbolique du corps ne se révèle que dans la présent.
Merci Robert, vos réflexions et explications symboliques sont toujours riches et appréciées!
Je partage avec plaisir cet article. Sujet dérangeant traité avec de l’humour et de l’information. Merci!
Merci Muntsa!