À quoi ressemble un yogi?

Les yogis sont, bien sûr, ceux qui pratiquent (et ont pratiqué) le yoga. Sur les manuscrits anciens ou sur les couvertures de magazines modernes, c’est bien cela qu’on cherche à illustrer : le yogi « en train de », tandis que son physique reflète le résultat d’années de pratique assidue. Car forcément, la discipline s’imprime dans la chair du yogi…

Mais les changements dans la pratique, dans les canons esthétiques, et bien sûr la finalité de l’image ont forgé au fil des siècles des portraits de yogis diamétralement opposés. L’article aurait pu s’appeler “De l’ascète émacié à la jeune femme équilibrée : le yogi stéréotypé”, mais cela sonnait un peu trop long à mon oreille.

Alors comment se représente le yogi ? Petit tour d’horizon, sans prétention d’exhaustivité !

Le yogi méditant

À ses débuts, le yoga était majoritairement un processus interne. Les états mentaux étant difficilement représentables, à quoi reconnaitre un yogi en action ?

À sa posture de méditation ? Pas forcément !

Si elle est iconique dans le monde du yoga, la posture du Lotus a pu être utilisée dans des contextes narratifs très différents, et ne sert pas forcément à manifester un processus d’introspection. La posture assise, jambes croisées, est simplement une position naturelle dans une culture où l’on préfère siéger sur la Terre que sur une chaise.

On peut toutefois reconnaitre un yogi (ou un ascète, car à l’époque dont nous parlons, les deux sont fortement liés) à un attribut particulier: la sangle de yoga, ou yoga patta, bande de tissu utilisée pour arrimer les jambes au buste et maintenir une posture stable de longues heures durant.

Sanchi, Grand Stupa, Ie siècle & Śrītattvanidhi, XIXᵉ siècle

Il y a d’autres attributs qui ne trompent pas, tel le yoga danda, petite canne en forme de T utilisée par le méditant pour y reposer l’aisselle ou l’avant-bras.

Extrait du Ramacharitmanas de Tulsidas, vers 1775

Le paysage dans lequel est représenté le yogi a également son importance. La première nécessité de l’aspirant yogi est en effet de trouver un endroit propice à la pratique. Un environnement favorable à la méditation nous fournit des indices quant à l’identité du personnage représenté. Grotte naturelle, abords d’une rivière, paysage montagneux, ermitage paisible ou petite hutte? C’est peut-être un yogi…

L’ascète émacié

On peut aussi reconnaitre le pratiquant à sa morphologie. Sans aucun doute, les austérités pratiquées pour parfaire le corps ou acquérir de mystérieux pouvoirs métamorphosent le corps des ascètes, dont l’histoire est étroitement liée à celle des yogis.

Le jeûne étant une austérité bien connue, les pratiquants sont parfois représentés comme des êtres émaciés, la colonne protubérante et le ventre creux… Corps affaibli, certes, mais grande force d’esprit !

Bouddha jeunant, 3ᵉ-5ᵉ siècle, Gandhara

À l’inverse, un yogi peut être doté d’un ventre proéminent ou d’une large poitrine, témoignages d’une pratique intense du pranayama. Les grands gurus sont parfois représentés avec un simple pagne d’où déborde un ventre replet, symbolisant la rétention du souffle de la respiration yogique (ou peut-être une grande réserve de prana ?).

Matsyendranath, vers 1650 & Guru, temple de Lakshmana, vers 950

Le yogi chevelu

Les yogis et ascètes sont parfois surnommés keshin, les “chevelus”. Leur interminable chevelure témoigne de leur quête spirituelle, menée à l’écart du monde. Les cheveux sont en effet un symbole : pour signifier son retrait de la société, on peut ne jamais les couper, ou au contraire constamment les raser. L’indianiste Michel Angot distingue ainsi les “tondus” et les “hirsutes”, ces deux grandes catégories d’ascètes dans l’Inde ancienne et contemporaine. La gestion du système pileux manifeste le degré de renoncement.

Un ascète dénouant son chignon, circa 1800, British Museum

Le yogi dans une posture complexe

Les murs des temples nous fournissent des représentations anciennes de postures bien connues, pratiquées depuis longue date par les ascètes pour cultiver leur tapas, ou ardeur intérieure…

Ascète en plein tapas dans une posture ressemblant à celle de l’Arbre, Mamallapuram, 7ᵉ siècle

Mais c’est avec le développement du hatha yoga, au 2ᵉ millénaire de notre ère, que les yogis se reconnaissent à coup sûr à leur posture. C’est l’époque où les asanas croissent en nombre et en diversité…

Yogi dans la posture du coq, Sri Sailam, 1510

Et bientôt, les premiers traités illustrés à visée didactique voient le jour.

Folios du Bahr al-hayat, vers 1600

Le plus ancien traité illustrant des postures de manière systématique est le Bahr al-hayat (Océan de vie), texte persan rédigé au début du 17ᵉ siècle à partir de traductions arabes de textes sanskrits antérieurs. Il contient les représentations de 21 yogis pratiquant des asanas plus ou moins complexes, réalisées d’après nature.

Une version illustrée de la Jogpradipaka, vers 1800, illustre les 84 postures canoniques : ce manuscrit, aujourd’hui conservé à la British Library, nous fournit de précieuses indications quant au nom et à la forme des postures de yoga.

Manuscrit illustré de la Jogpradipika, 1830

C’est dans cette lignée qu’on peut situer les photographies de yogi au 20ᵉ siècle. Adieux peaux de tigre et jardins luxuriants: le cadre se fait sobre pour mettre en lumière la posture. Alors que le yoga gagne en popularité, le but premier de l’image du yogi ne sert plus à illustrer joliment un manuscrit : il s’agit de figurer pour enseigner. Le mini-short a remplacé le pagne court. La tenue ne doit pas gêner le pratiquant dans l’exécution des asanas ni faire obstacle à la compréhension du lecteur.

Vishnu Devananda, 1960 & BKS Iyengar, 1966

L’asana devient l’attribut numéro 1 du yogi.

La jeune femme équilibrée

Lorsque le yoga se répand en Occident, il se féminise. Depuis 1999, toutes les couvertures du Yoga Journal version US montrent un yogi dans un asana. Et depuis 2003, la grande majorité des modèles sont des femmes, la plupart du temps sveltes et souples, fortes mais sans muscle saillant, aux longs cheveux détachés, portant des vêtements moulants, dans une posture manifestant la souplesse extérieure ou exprimant l’équilibre intérieur, les mains jointes devant la poitrine. L’image tire son esthétique de l’idée qu’on se fait d’un corps sain, tout en réconciliant des valeurs en apparence antithétiques : force et beauté, minceur et robustesse, grâce et solidité, relaxation et dynamisme.

Yoga Journal US, 2013

À l’illustration d’un récit et à celle d’un traité didactique s’ajoute une troisième fonction pour l’image du yogi. Celle de vendre : un magazine, un tapis, un abonnement téléphonique, mais surtout un mode de vie. “Le yoga devait changer la société, mais c’est la société qui a changé le yoga”, diront les pessimistes d’entre nous !

La zénitude associée au yoga fait vendre… et pas que des mouchoirs.

Est-ce le yogi qui fait l’image, ou l’image qui fait le yogi ?

Les arts visuels révèlent, à différentes époques, l’image mentale qu’on se fait du pratiquant. Corps émacié de l’ascète, ventre replet du guru ou silhouette élancée de modèle de magazine, le yogi n’est pas un personnage figé, mais le reflet des attentes d’une société.

Les représentations contribuent aussi à véhiculer un « idéal yogique » en imprimant sur nos rétines l’image du yogi-type. Cet archétype pourra, dans un cercle vicieux, attirer vers le yoga ceux qui s’y reconnaissent, ou dissuader ceux qui ne s’y retrouvent pas. On ne sait plus très bien si c’est le yogi qui fait l’image, ou l’image qui fait le yogi.

En réaction sont nés sur les réseaux sociaux des mouvements de contestation, visant à proposer une autre vision du yogi pour s’affranchir des clichés (#whatayogilookslike). Le message a été entendu par le Yoga Journal US, qui propose en ce début d’année 2019 deux couvertures différentes (soulevant une autre vague de critiques contre cette demi-mesure).

22 réflexions sur “À quoi ressemble un yogi?”

  1. Hey ! Superbe article, comme toujours ;)
    Merci de m’apprendre toutes ces choses, je ne suis pas très assidue au yoga, mais j’aime toujours me renseigner sur cette culture incroyable :)

  2. C’est vrai que je fais aussi une overdose de toutes ces photos de postures hyper avancées accomplies par des femmes superbement irréelles…
    Mais franchement, quand on fait du yoga avec le cœur, quand vraiment on essaie de le pratiquer sur et en dehors de notre tapis, toutes ces images devraient nous laisser indifférent(e)s. Il faut admettre qu’elle sont souvent magnifiques (je ne parle pas des couvertures de ces magazines aux sourires effrayants, mais de toutes ces images qu’on nous envoie jour après jours..). C’est beau une posture de yoga, vous ne trouvez pas?
    chaque posture est une œuvre d’art…quel que soit le corps de la personne. Cette impression de défier la gravité, de dominer l’équilibre, de maitriser son corps…personnellement j’aime ça.
    Si des personnes ont besoin de se montrer, elles ont encore du travail au niveau de l’égo, on est d’accord. Asteya, c’est aussi ne pas voler l’attention des gens.

    Essayons de ne pas les juger, c’est peut-être le message que l’on doit tirer de cette fausse image de yogis! Accepter les autres tels qu’ils sont, accepter que la réalité des autres n’est pas la même que la notre.

    belle soirée !!

    1. Bonjour Eliane

      Merci ta réponse, je la trouve très intéressante et très juste

      Au yoga, par contre, j’évite d’utiliser le “on devrait” qui se transformera en “on doit”…… Si je suis heurtée par ce que je vois, c’est un fait que je ne peux nier. Donc non, je ne suis pas parfaite moi non plus, je suis en chemin, un chemin fait de creux et de bosses et oui ça me chagrine énormément de voir le yoga ramené à un truc de foire où la femme devient un objet et où j’en oublie la posture car dans ce cas précis, je ne vois plus la posture, je vois cette femme qui s’expose comme perfection à atteindre, perfection de l’image

      Oui c’est leur réalité, c’est un fait.

      Mais je retiens quand même ton message et te remercie beaucoup pour cet éclairage

      1. Barbara,
        Oh mais moi aussi ça me touche de voir l’image que toutes ces photos donnent du yoga. Je ne me suis peut-être pas bien exprimée. Mais soyons clair, ces femmes font de la gymnastique et de la contorsion, pas du yoga. Elles ont emprunté ces postures pour en faire une mode à suivre.
        Et elles le font avec consentement. Ce sont les femmes qui rendent leur image femme-objet. Mais c’est un autre débat…

        Comme tu l’as si bien dit, la posture parfaite, c’est celle que mon corps veut bien faire, en ce moment! quelle chance!
        belle journée

  3. À lire et regarder aussi cet article, je me dis que finalement c’est toujours la même chose : un spectacle de postures reste toujours un spectacle qui nous éloigne du yoga. On se sert d’une posture apparente pour trouver intérieurement le yoga, mais la posture n’est pas le yoga. Celui-ci est intérieur, singulier. Ce qu’est l’union pour l’un reste un mystère infranchissable par les sens d’un autre. Je dirais même plus. À partir d’une même photo, personne ne regarde la même posture de la même manière. Ce regard dépend de notre degré de superficie/profondeur intérieure. Alors, changer de registre apparent pour passer d’une belle adepte à une laide, d’une mince à une grosse, d’une blanche à une noire, d’une asana aboutie à une autre incomplète, ne produit rien d’autre qu’une inflation émotionnelle et cognitive. Elle nous maintient à l’extérieur de nous-même, à l’intérieur de notre enveloppe charnelle. Le spectacle du yoga nous donne à voir un corps exposé au regard extérieur. J’aurais aimé un concours d’immobilité, de silence, de retrait, de solitude. Mais ils n’excitent pas les sens. J’aurais aimé une joute de globalité et d’universalité. Elle montrerait l’éveil spirituel de celui qui arrive à l’unité la plus élevée dans l’exposition de ses arguments. Mais ils ne font pas jouir. Nous ne sommes pas vraiment encore prêts !

  4. Merci Clémentine pour cet article très bien documenté où j’ai encore appris beaucoup de choses. Je rejoins les autres intervenants (es), mon corps non plus ne répond pas aux canons de “beauté yogique” du moment. Est ce que cela m’empêche de pratiquer le yoga ? Non je ne crois pas. Quand cesserons nous de juger ce qui ne nous ressemble pas ? Et c’est aussi valable pour nous. Quand cesserons nous de nous juger quand nous ne ressemblons pas à ce que les papiers glacés nous imposent. Belle continuation à toutes et à tous

  5. Merci pour cet article instructif ! Oui on peut être replet et pratiquer le yoga ( c ‘est mon cas ) . Les stéréotypes esthétiques véhiculés par la société américaine , et qui influence les autres pays occidentaux , sont un mépris et une appropriation culturelle . Le yoga est une pratique ancestrale indienne complexe , comme vous le rappelez justement dans vos articles , et non une pratique nord américaine de femmes blanches ( aucune asiatiques ni noires en couverture des magazines de yoga ) , destinée à toute personne de bonne volonté désirant travailler sur l ‘union entre son corps et son esprit et certainement pas flatter son ego . J’apprécie beaucoup le magazine français Esprit Yoga car justement il montre de vrais personnes pratiquant du yoga ( des hommes aussi ) et non des mannequins maquillées en tenue moulante .On y trouve aussi de nombreux articles sur la culture indienne et la philosophie du yoga .En cela je suis fière d ‘être française pour notre intérêt sincère et respectueux des autres cultures par opposition à la superficialité nord-américaine !

  6. Passionnante réflexion ! La demi-mesure de Yoga Journal aurait en effet tendance à m’agacer fortement… (et je préfère la deuxième couverture en plus !)
    Je crois que je fais une overdose des belles images de yoga pratiqué sur des plages par des femmes minces et musclées. Et pourtant je n’arrive pas trop à m’en affranchir totalement, j’ai parfois envie de montrer ma pratique sur les réseaux mais je ne le fais pas, parce que je trouve que mon corps n’est ni très beau ni très doué pour montrer les asanas. Je contourne le problème en me demandait « pourquoi » j’aurais envie ou besoin de montrer ma pratique sur les réseaux… et j’en conclus que c’est en partie pour flatter mon ego alors c’est pas plus mal que je ne le fasse pas !

    1. Mais peut-être justement que l’on devrait mettre des photos de nos postures imparfaites. Parce que le yoga c’est cela également. Sortir de l’égo de la posture parfaite et s’accepter comme on est est !

      1. la posture parfaite (imparfaite aux yeux de …… de qui d’ailleurs) est la posture que mon corps accepte de faire aujourd’hui. En ça elle est parfaite.

        La posture aboutie (je déteste cette expression) accessible à une autre personne est parfaite pour l’autre personne

        Mettons l’accent sur les aménagements peut être ? y compris dans les cours. J’ai vu ça dernièrement. Personne ne veut s’asseoir sur une chaise pour le pranayama même dans les cours douceur où certains seraient bien mieux. L’autre fois j’ai pris une chaise pour moi, j’ai été suivie par la moitié du groupe. J’ai remercié le ciel de m’avoir moi aussi autorisée ce confort. Regardons ce qu’individuellement nous pouvons faire

        Ahimsa pour tous

        1. C’est ce que j’aime beaucoup dans les cours en vidéo que je suis, l’adaptation et l’idée d’aller à la rencontre de ce que notre corps est capable de faire. Et c’est aussi ce qui me rend très exigeante quand je prends un cours collectif ! Dans un studio, ne m’étant pas écoutée, j’ai fait un petit malaise : l’enseignante est venue à ma rencontre, m’a expliqué comment adapter, m’a confortée et m’a apportée une couverture en me conseillant de finir la séance avec les postures les plus douces et beaucoup de Balasana. Dans un autre, l’enseignante m’a engueulée parce que j’expirais par la bouche et non par le nez… Deux salles, deux ambiances et je sais clairement où je retourne et où je n’ai plus envie de pratiquer.
          J’aime me sentir en sécurité, dans une atmosphère qui me permet de m’écouter pleinement. Bravo d’avoir pris cette initiative Barbara !

          1. Bonjour Pauline

            Effectivement il ne faut pas suivre un cours où on ne sent pas bien. Tous les yogas ne sont pas adaptés à tous, et certains yogas très toniques fortement déconseillés. il faut vraiment faire attention à ça et il faut savoir que la pratique posturale n’est qu’un des 8 éléments (corps) du yoga. Le premier étant la relation aux autres, donc attention aux ascèses posturales qui ne font pas forcément des pratiquants des yogis en chemin. Les professeurs s’adressent à ces occidentaux il ne faut pas l’oublier et quand on ne se sent pas bien dans un cours, on peut déjà le dire à l’enseignant qui pourra ainsi progresser (on est tous en chemin n’est ce pas ?) et partir si vraiment c’est le mieux

            Je me permets de signaler que pour les corrections de postures, pour une observation sérieuse, rien ne vaut un prof formé à ça bien sûr. Donc ok pour les pratiques via le net mais il faut déjà bien connaitre ses limites et avoir eu des ajustements proposés par un professeur et faire preuve de discernement. Enfin c’est mon humble avis que je partage ici

            J’en profite pour partager cette phrase de Gérard Blitz qui définissait ainsi la posture “la posture (l’asana) c’est être fermement établi dans un espace heureux”. Tout est dit et à chaque instant, c’est bien d’y penser quand on est là à pratiquer

            Merci pour les encouragements

    2. Oh, je comprends bien cette overdose d’images de yoga. Elles sont partout, et plus on les voit, plus il est difficile de faire disparaitre cette image mentale de la posture esthétiquement parfaite.

    3. Je suis d’accord avec vous et puis, mieux vaut vivre les postures intensément que de les montrer comme un exemple absolu et abouti à des pratiquants qui n’auront pas la possibilité d’y arriver…quelle frustration pour eux et pour nous parfois. Je transmets à mes élèves un yoga qui prend en compte l’état de chacun, aussi bien mental que physique. Peu importe la forme aboutie, ce qui importe c’est le chemin pour y arriver, et je les guide en ce sens. Alors oui, les belles images des magazines m’agacent parfois.
      Merci pour cet article.
      Christine. Svayoga.

  7. Bonjour, très sympa ton article et merci pour ces belles illustrations.
    Ce qui attire aussi mon attention sur la série des couvertures du yoga journal, c’est le sourire pleines dents de toutes ces dames ! Peu réaliste, aussi bien dans la pratique des asana que dans la méditation…
    Namaste

    Kunti

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