Dans l’Antiquité, les Grecs avaient surnommé les sages indiens les “gymnosophistes”. On pourrait traduire ce terme par “sages de la gymnastique”: c’est l’explication poétique. On peut aussi le traduire par “sages nus”: c’est l’explication prosaïque.
Effectivement, les yogis, à l’instar des athlètes grecs dans l’enceinte des gymnases, méditaient, faisaient leurs asanas, voire se promenaient “vêtus d’espace”.
Dans les grandes villes où nous habitons, dans les cours de yoga collectifs où nous apprenons, dans les lieux publics où nous pratiquons, vous vous dites sans doute qu’il serait impossible d’imiter les anciens yogis sur ce point… Vous allez tomber des nues.
Les gymnosophistes peuvent aller se rhabiller
À l’heure où les plus grands créateurs de mode lancent des collections entières dédiées à la pratique du yoga (souvenez-vous, Stella McCartney pour Adidas), la tendance inverse semble gagner en popularité. On aura beau acheter les vêtements de yoga dernier cri… Demain, la tenue de yoga la plus tendance sera peut-être votre tenue de naissance. Simple effet de mode ou véritable courant, l’avenir nous le dira.
Ce type de yoga pratiqué nu répond au nom sanskrit de “nagna yoga”. Le mouvement actuel prend sa source dans un revival de la philosophie gymnosophiste, une néo-gymnosophie qui a vu le jour en Europe et aux États-Unis dans la première moitié du XXe s. Proche du mouvement hippie, le gymnosophisme moderne impliquait naturisme, méditation et ascétisme.
Soyez sage, déshabillez-vous
Dans les temps anciens, le naturisme était symbole de dépouillement, de renonciation à toute possession et de communion avec la nature. Il “était aussi peut-être adopté à cause de la chaleur excessive de leur pays” (peut-on lire dans l’Encyclopédie de Mallet au XVIIIe s.).
Les motivations actuelles semblent bien différentes de celles des yogis d’alors. On parlera de nos jours d’acceptation de son corps avec toutes ses imperfections, de connexion non pas avec la nature mais avec son propre corps, de “se mettre à nu” pour révéler sa vraie personnalité.
Le yoga sans dessous dessus
Trois solutions s’offrent à vous:
1. Pratiquer chez vous, rideaux tirés, en tenue d’Adam. Mais j’imagine que le concept originel de “communion avec la nature” serait un peu perdu en pratiquant dans une pièce surchauffée et à la lumière d’un néon.
2. Prendre le prochain avion pour New-York et joindre un de ces cours collectifs qui proposent de pratiquer “in your birthday suit”. Ou attendre gentiment que le mouvement prenne de l’ampleur en Europe. Paris semble déjà avoir été gagnée par la tendance.
3. Limiter au maximum ce qui peut vous entraver dans votre pratique en adoptant une tenue de yoga confortable.
Less is more
Mon expérience étant limitée concernant les deux premières solutions, c’est de la troisième possibilité dont je vais vous parler à présent. Et je suis plutôt d’avis que les effets de la pratique nue sont d’ordre psychologique plutôt que physiologique. À condition que les vêtements de yoga soient bien choisis, rien ne peut vous empêcher de tirer profit de votre pratique.
Comme bien souvent, en yoga, le plus simple est le mieux. Autrement dit, essayer de se dépouiller au maximum de tout ce qui n’est pas strictement nécessaire et qui risque d’entraver nos mouvements, notre circulation sanguine mais aussi notre respiration.
Voici quelques suggestions :
Pour ne pas restreindre vos mouvements : optez pour des vêtements suffisamment amples ou élastiques.
Pour laisser circuler l’air (et votre sang) : évitez les “leggings/collants” avec effet bas de contention.
Pour pouvoir respirer profondément : évitez les brassières de sport très serrées et les pantalons ajustés au niveau de la taille.
Pour ne pas limiter les mouvements du cou : fuyez les cols étriqués.
Et comme nous respirons aussi par la peau, choisissez dans la mesure du possible des vêtements en fibres naturelles, bambou, coton, lin… Le coton présente l’avantage de convenir aux peaux sensibles, d’offrir une grande liberté de mouvement et d’être multifonctionnel. Son désavantage? Il met longtemps à sécher, ce qui n’est pas toujours confortable dans le cas d’une séance de yoga très dynamique. Le bambou est alors une bonne alternative.
Pour rendre ces matières plus élastiques, elles sont souvent combinées à des matières synthétiques, nylon, polyester, lycra. Essayez de garder une proportion maximale de fibres naturelles et faites attention aux risques d’allergies.
En matière de tenue vestimentaire yogique, on trouve de tout et son contraire: legging serrant ou sarouel XXXXL, brassière de sport en lycra ou ample tunique en fibres de bambou bio.
À vous de voir dans quelle tenue vous vous sentez confortable… Ou de poser nu, si le corps vous en dit.
Pour étoffer le sujet
- *La nudité en yoga sur Wikipédia (en anglais, mais ça en vaut la peine)
- Le courant Lebensreform, néo-gymnosophie, sur Wikipédia (en anglais)
- Pratiquer nu est-il vraiment meilleur pour la santé? (en anglais)
- Le yoga nu, une audacieuse « célébration du corps » (aticle en images dans Le Monde)
Ping : 7 obstacles qui m’empêchent d’être souple et fort comme un yogi et comment les surmonter | 3heures48minutes
Salut Clémentine!
Très sympa et intéressant cet article ;-)
Je pense me renseigner un peu plus à ce sujet…Perso j’aime bien pratiquer en sous vêtements tout doux à la maison…Ca restera probablement le max pour moi :-D
A bientôt!
Maud – leblogyoga.com
Je suis un peu comme toi sur ce sujet :-)
Tant que rien n’entrave mes mouvements, tout va bien pour moi habillée. Mais peut-être à tester, peut-être une révélation..!