Réseaux sociaux, défis et yoga

Avez-vous remarqué les photos étranges qui circulent sur le net ces jours-ci ? Ces photos mettent en scène leurs auteurs dans des postures bizarres, qu’on pourrait croire inspirées du yoga.

Prière inversée

Ces personnes veulent-elles illustrer un blog consacré au yoga ? Partager avec leurs amis Facebook leur séance du jour ? Pas du tout. Ces photos répondent à un défi lancé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux chinois. Il s’agit de poster une photo de soi dans la posture de la prière inversée. Plus les mains remontent haut dans le dos, plus c’est in. Et si vous êtes capable de toucher la nuque du bout des doigts, vous êtes une vraie divinité.

Pas le premier défi du genre

Ce n’est pas le premier défi de ce genre. En juin dernier, les internautes ont eu droit au belly button challenge : toucher son nombril… en faisant passer son bras derrière le dos. Alors, éloge de la souplesse ou comble d’une société où l’on cherche à correspondre à des standards de plus en plus absurdes ? Il y a quelques temps, c’était le thigh gap qui faisait fureur sur les réseaux. Cet espace entre les cuisses était alors devenu tellement désirable que certaines n’hésitaient pas à avoir recours à la chirurgie esthétique. Après le culte de la minceur, le culte de la souplesse?

Beaucoup s’élèvent contre ce genre de défis viraux lancés sur les réseaux sociaux. Dans ce cas précis, certains soulèvent le caractère blasphématoire du challenge, une manière irrespectueuse d’associer un signe de prière à des questions d’ego. D’autres soulignent le sentiment d’infériorité en cas d’“échec”.

Réussir ce challenge n’est pourtant pas qu’une question de souplesse. L’anatomie et la structure du corps entrent en jeu. Certaines personnes ne relèveront sans doute jamais le défi, même après des années de yoga. Elles ne parviendront qu’à ruiner leurs articulations en s’acharnant à correspondre à un critère non standardisable.

Personnellement, même si je sais que ce défi n’a aucun sens …

Et bien je n’ai pas pu m’empêcher d’essayer. Résultat : pas terrible. Mais le pire dans tout ça ? J’ai ressenti bien malgré moi une légère pointe de jalousie quand mon amoureux l’a réussi sans problème.

Les défis peuvent pourtant avoir du bon. Les challenges Yoga de 30 jours qui se multiplient sur internet peuvent ainsi contribuer à créer une saine “routine yogique”. Et cette posture de prière inversée, de son vrai nom Paschim Namaskarasana, a de réels bienfaits : elle renforce et assouplit le haut du corps, tonifie les bras et l’abdomen.

Mais là où la performance rejoint le yoga… c’est qu’il n’y a plus de yoga. 

4 réflexions sur “Réseaux sociaux, défis et yoga”

  1. Moi aussi cela m’attriste, même si je me fais souvent “avoir”. dans mon flux instagram, j’ai petit à petit supprimé les comptes de yogis ne postant que des postures sur la tête, parce que ça en venait à me filer des complexes, je me suis dit qu’on était bien loin de la philosophie du yoga…
    Y’a quelque chose qui s’apparente à une cour de récré quand on était gamines et qu’on se montrait tout ce qu’on savait faire, mais même sans m’y connaitre beaucoup, je peux percevoir que le yoga c’est pas ça!
    (et en plus, j’y arrive pas à faire cette prière inversée, na!)

    1. Oui finalement ces photos qui pourraient être motivantes…sont plutôt décourageantes! Parfois je ne peux pas m’empêcher de comparer. Et ma séance quotidienne de yoga se transforme en challenge qui n’a plus rien de personnel. J’essaie de contrer cette tendance. Et c’est là un des plus riches enseignements du yoga!

  2. Moi ça me rend plutôt triste de voir ce genre d’absurdité… de voir ce yoga que j’aime tant être à ce point mal compris et déformé …
    Mais bon … peut-être qu’il sortira aussi un jour du bon de tout ça, d’une manière ou d’une autre, qui sait …
    Namaste

    1. Tristesse partagée. Je ne suis pas triste pour notre ami le yoga, car je ne pense pas que les amateurs de ces défis ont vraiment l’intention de faire du yoga. Mais je suis assez triste de voir à quel point le critère de beauté, de minceur ou de souplesse, le plus absurde qu’il soit, influence autant la façon dont on se perçoit. Comme je l’ai écrit, je n’ai pas pu m’empêcher de tester ce défi…. Et certaines ont été jusqu’à recourir à la chirurgie esthétique pour augmenter l’écart entre leurs cuisses (thigh gap, quand tu nous tiens). Symptôme de l’absurdité de nos canons esthétiques?

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